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Le KNJM à Marche : une première sans Yves Beckers, formateur dans l'âme

Comme chaque année fin septembre, le Masters des jeunes, aujourd'hui Kid Noize Junior Masters, regroupant les deux meilleur(e)s de chaque région dans les catégories d'âge de moins de 9 à moins de 15 ans, clôture la période estivale dans les belles installations du RTC Marche. Ce week-end, ce sera la première fois qu'il se déroulera sans le Liégeois Yves Beckers, une institution fédérale en terme de formation. Il a pris une retraite bien méritée. 
 

Organisé à une époque de l'année où l'on n'est jamais sûr du climat, le Kid Noize Junior Tour a de la chance, pour ses journées finales, d'être hébergé à Marche, beau club, superbes infrastructures aussi bien couvertes que de plein air. Cette année, si l'on en croit les prévisions, la météo pourrait lui sourire, c'est tellement plus agréable sous le soleil. Dans chaque catégorie (-9, -11, -13 et - 15 ans), filles et garçons, du grade 1 au grade 3, on retrouve les deux représentants de chaque région qui se sont les plus distingués lors des criteriums régionaux durant toute la saison. Des tableaux de huit joueuses ou joueurs, donc. Avec en prime cette année, la présence annoncée de Kid Noize, le parrain de la compétition.
 
Un travail de fond
 
Yves Beckers n'en sera donc pas, lui qui n'a pas manqué un rendez-vous depuis la création de la compétition, il y a près de vingt ans, au Centre de Mons. Ayant désormais atteint l'âge de la pension, il peut dire qu'il en a vu passer des enfants tennis(wo)men, les prometteurs et ceux qui l'étaient moins, ceux qui ont fait carrière sur les courts, comme Steve Darcis, Ysaline Bonaventure, Raphaël Collignon, Gauthier Onclin, et les plus nombreux qui ont fait autre chose dans l'existence, souvent avec succès parce que le tennis est une belle école de vie. "Depuis que je suis entré à la fédération en 2003, je me suis toujours occupé des enfants, dans la tranche d'âge moins de 12 ans", dit-il, "j'ai toujours préféré la formation à l'entraînement ou au coaching, je me suis aussi beaucoup impliqué dans la formation des cadres."
Un vrai travail de fond, donc.
 
Q. Yves, y a-t-il jamais eu autre chose que le tennis dans votre parcours professionnel ?
 
R. Non. Je joue depuis que j'ai 9 ans, et je joue encore, j'ai été champion de Belgique 65 ans l'an dernier, je n'ai jamais été une star de la raquette, mais c'est ce qui m'intéressait, j'ai toujours été passionné. Après avoir bouclé des études d'éducation physique à Liège, je me suis immédiatement investi dans le nouveau club, Smash 51, qui venait de se créer à Herstal, en tant que responsable de l'école de tennis. Par la suite, avant que Jacques Leriche ne me propose un job au sein de ce qui était encore l'AFT, j'ai occupé la même fonction durant six ans à Fayenbois, mon club d'origine. J'ai également beaucoup oeuvré lors des rassemblements de jeunes régionaux et fédéraux.
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Q. Au fil des années, vous avez dû voir beaucoup de choses changer...
 
R. ... C'est devenu beaucoup plus intensif. Je ne suis pas nécessairement favorable au fait que les petits de 9 ou 10 ans ne fassent que du tennis. Idéalement, j'incite autant que possible les enfants à pratiquer une autre activité en parallèle, pour leur développement physique, psychomoteur, pour la vitesse, la coordination. Aux premières heures du Centre de Mons, faute de mieux, on jouait tout le temps au foot - Steve (Darcis) et Olivier (Rochus) entre autres, Justine aussi a marqué des buts à Rochefort - cela n'a pas donné de mauvais résultats. Avec les emplois du temps d'aujourd'hui, ce n'est pas toujours facile. Outre la technique de base, on voit bien que les entraînements sont de plus en plus poussés physiquement, et qu'il y a de plus en plus de bons joueurs. La différence se fait désormais plus sur la gestion émotionnelle et l'aspect mental, toutes choses dont on ne parlait pas autant avant.
 
Q. Si vous deviez citer votre joueur préféré durant toutes ces années ?
 
R. J'aimais bien Sampras, Edberg, Federer, mais je dirais Ilie Nastase, talent, facilité et toucher de balle, même si cela n'a plus rien à voir avec maintenant. A l'époque, il jouait tout, simple, double, double mixte. Quand on regarde les images de ses matches avec les yeux d'aujourd'hui, on a l'impression qu'il pousse la balle. Il n'y avait pas d'encadrement, Björn Borg a été le premier à avoir un coach. Avant, à part Borg justement, beaucoup de joueurs affichaient des qualités spécifiques selon la surface, des spécialistes de l'herbe, d'autres qui ne juraient que par la terre battue. Depuis, cela s'est beaucoup uniformisé. Wimbledon a ralenti le gazon et les balles pour qu'il y ait plus d'échanges, que ce soit moins service/volée. Je me souviens que chaque année l'herbe londonienne était abimée près du filet, à présent ce n'est plus le cas que sur la ligne de fond. Nadal, roi de la terre battue, a fini par gagner partout ailleurs. Il y a plus de vitesse, de puissance, on va moins au filet... on n'en a plus le temps, le service et le retour sont devenus les coups essentiels.
 
Q. Vous qui étiez en première ligne, pourquoi est-ce donc si difficile d'attirer les petites filles à la compétition, au contraire de ce que l'on voit au nord du pays ?
 
R. Si j'avais la formule, je me serais empressé de l'appliquer. On trouve pas mal de filles dans les écoles de tennis, mais il faut aimer la confrontation pour se lancer dans la compétition, ce n'est peut-être pas toujours dans leur nature. Au tennis, on affronte quelqu'un(e) seule, dans les sports collectifs on le fait en groupe. Il y a plus de joueuses côté néerlandophone c'est un fait, la population, les moyens, les clubs sont plus importants, on peut aussi obtenir le statut d'espoir sportif plus tôt, peut-être ont-elles une attitude plus sportive que chez nous. Tous les efforts de notre fédération ces dernières années n'en portent pas moins leurs fruits, on le voit lors des tournois du Belgian Junior Circuit. Pauline Hua est entrée au Centre de Mons, et plusieurs filles de 11 et 12 ans vont certainement postuler dans les années à venir.
 
Q. Tout cela ne va-t-il pas vous manquer ?
 
R. Je ne pense pas, il était temps de passer la main. Je vais encore aider le staff cette année sur la Young Talent Cup, la nouvelle appellation de l'AFT Cup, une organisation qui me tient à coeur. Je serai aussi (un peu) sur le terrain au club de Beaufays, et puis il y a les petits enfants, le golf, les voyages... je ne crois pas que je vais m'ennuyer.
 

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