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Pauline Hua, une fille parmi tous les garçons

Pour la première fois depuis Juliette Bovy en 2019, une joueuse intègre le Centre de formation à Mons. Une première qui en appelle d'autres dans les années à venir. En attendant, il n'est pas nécessairement évident, à 13 ans, de se retrouver seule en internat, qui plus est avec six garçons. Elle y a réfléchi, et cela ne lui fait pas peur.
 

C'est une "vieille connaissance" qui nous a parlé en premier de Pauline Hua.
"Il y a longtemps que je n'avais pas vu ici un aussi gros potentiel tennistique aussi jeune", assure Simon Goffin (photo avec Pauline) qui, après avoir coaché des "pointures" du circuit WTA comme Andrea Petkovic, Anastasia Pavlyuchenkova ou Elise Mertens, partage désormais son temps entre l'académie de Ans qu'il gère avec Steve Darcis et la fédération française où il oeuvre à mi-temps pour le tennis féminin. C'est lui qui s'est plus spécialement occupé de Pauline ces derniers mois, avant qu'elle n'intègre le Centre de Mons pour la nouvelle année académique.
 
Jouer pour gagner
 
"C'est toujours une sorte de pari quand on quitte son cadre de vie à cet âge, surtout dans un contexte de groupe où on est la seule fille", dit Simon. Soit on en sort renforcée, soit on s'écroule. Pour son tennis, il ne pouvait y avoir meilleure proposition, nous n'aurions jamais pu la suivre, voyager, être là pour elle comme ce sera le cas à Mons, sans parler de l'aspect financier ou scolaire. C'est une chouette jeune fille, elle a bien pesé le pour et le contre, et elle aime vraiment le tennis, elle n'est pas du genre à courir partout le nez dans son téléphone comme tant d'autres. Elle sent bien le jeu, là où il faut aller, elle fait tout plutôt pas mal, bon service, bon coup droit. Son plus gros chantier sera physique, elle est toute fine, elle devra s'étoffer. Elle a aussi encore trop tendance à jouer pour jouer, il est temps qu'elle pense à plus jouer pour gagner, avec une mentalité un peu plus guerrière."
 
On imagine que, du côté de Boncelles où la famille réside, cela a dû représenter un fameux remue-ménage pour ce couple de médecins, père ophtalmologue, mère dermatologue, dont on imagine sans peine le questionnement, d'autant qu'ils ne baignent pas spécialement dans le milieu du tennis.
"Mon mari a un peu joué, il a été C15, moi c'était plutôt le volley", sourit maman Audrey. "A six ans, Pauline a fait un stage de tennis, on nous a dit qu'elle se débrouillait bien et on s'est pris un peu au jeu. De fil en aiguille, de tournois en rassemblements fédéraux, elle s'est déjà retrouvée à Mons les mercredi, vendredi, samedi, en y passant une nuit et en faisant connaissance avec le personnel du Centre, aujourd'hui cela lui facilite la vie."
 
Des inconvénients mais aussi des avantages
 
"Nous sommes comme tous les parents qui sont amenés à laisser évoluer leur enfant", continue Audrey. "Avec nos occupations professionnelles, les difficultés et les distances pour lui trouver des compétitions adéquates chez les filles où les tableaux sont trop souvent incomplets, c'était compliqué pour nous. Elle a bien réfléchi avant de tenter l'expérience et rêve d'en faire son métier comme beaucoup d'enfants de son âge, elle est volontaire, appliquée, elle a la bonne attitude, mais on garde les pieds sur terre, il y a les études à réussir à côté, elle est d'ailleurs en avance d'un an depuis la maternelle. Je pense qu'elle a été bien accueillie, dans un groupe sympa, de bonne composition, elle a son caractère, mais c'est une fille solaire, gentille, parfois même un peu trop sur le terrain (sourire). Je ne suis pas spécialiste, mais je pense qu'elle possède un bon bagage technique, physiquement elle n'est pas en avance par rapport à d'autres, mais tout est aussi fonction de son développement naturel."
 

A la fédération, depuis la rentrée, on prête bien sûr particulièrement attention à la seule fille de la bande. "Pauline possède un registre assez complet pour son âge, nous sommes vraiment contents de l'avoir, même si, surtout chez les filles, il faut aussi attendre qu'elles soient un peu formées, que la nature fasse son oeuvre", dit l'entraîneur Maxime Hawotte. "S'il y a des inconvénients pour elle dans un groupe composé de garçons, il y a également des avantages, avec des entraînements et des sparring-partners plus individualisés, ciblés rien que pour elle. Elle ouvre la voie. Dans les deux années à venir, une demi-douzaine de filles nées en 2012 et 2013 entreront en ligne de compte pour être sélectionnées et venir la rejoindre. Elle ne sera pas seule longtemps."
 

 

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